Quel beau projet!  Il y a près d’un an, nous assistions à une présentation du Ministère de la Santé et des Services sociaux portant sur la Lutte à la pauvreté et la façon dont y seraient inclus les usagers présentant une déficience intellectuelle ou de l’autisme et prestataires de la solidarité sociale.

Ainsi, le fonctionnaire nous annonçait que d’ici 2023, les prestations augmenteraient régulièrement pour arriver à terme à un revenu de base assuré.  À nos préoccupations devant l’imminence des élections, il répondait que le processus était suffisamment avancé pour ne pas en subir de conséquence…

Et pourtant!  Ceux et celles d’entre vous dont le fils ou la fille vit en ressource de type familial ou intermédiaire ont pu constater que cette augmentation annoncée par la Solidarité sociale en janvier 2019 était rattachée à celle de la pension prélevée pour les coûts de pension qui passaient de 747$ à 878$, et ce sans aucune assurance du moindre service ajouté.

Comme plusieurs autres à travers le Québec et comme les associations provinciales qui défendent les droits de nos usagers, notre comité réagit au fait que sous prétexte d’améliorer la condition financière de nos fils et de nos filles (avec une augmentation de 88$), on les appauvrit en augmentant de 131$le montant qui est prélevé dans leur compte de banque pour augmenter leur pension mensuelle.

D’un côté, un ministère veut les sortir de la pauvreté, de l’autre la RAMQ leur retire mensuellement plus que cette augmentation, leur refusant donc de bénéficier de cette prestation améliorée.  Au bout du compte, il s’agit d’un recul important pour eux. 

En même temps, on bonifie le revenu de « travail » auquel ils ont droit qui passe de 100$ à 200$ par mois sans diminuer leur prestation.  Mais bon nombre d’usagers ne touchent pas un tel revenu : ceux qui présentent une déficience plus importante n’y ont pas accès puisqu’ils n’ont pas la capacité de participer à des activités de « travail ».  Les laissera-t-on s’appauvrir de façon aussi honteuse à travers un exercice qui en apparence prétend les sortir de la pauvreté? 

Nous espérons que les ministères en question réviseront leur façon de traiter la situation des milliers d’adultes qui vivent dans des ressources et n’ont aucune autre source de revenus pour faire face aux dépenses courantes (transport, médicaments non couverts, vêtements, achats de lunettes, bris et perte de vêtements, loisirs, etc.). 

Pour l’instant, des parents nous ont informés des démarches qu’ils ont entreprises auprès de leurs députés et de la ministre McCann pour dénoncer la situation, des organismes de promotion d’envergure nationale aussi.  Le gouvernement se montrera-t-il ouvert à ne pas appauvrir indûment les usagers les plus démunis après avoir annoncé un projet de loi pour les sortir de la pauvreté?

 

Lucille Béliveau Bargiel, présidente