Vous avez suivi nos démarches qui ont précédé la décision du gouvernement de procéder à la vaccination des usagers ayant une déficience intellectuelle ou de l’autisme et vivant en ressources d’hébergement. Aux dernières nouvelles (vendredi le 26 mars) nous apprenions que les préparatifs vont bon train et que cette opération commencerait le premier avril, tel que décrété par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Cependant, la nouvelle de la suspension du vaccin Astrazeneca semble avoir reporté le calendrier prévu. Nous vivons dans l’espoir qu’aucune embûche ne retardera encore la vaccination de ces usagers toujours lourdement confinés.
Cependant, les adultes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme ne vivent pas tous en ressources. Et les membres du comité des usagers savent par expérience, comme le rappelait avec sensibilité Josée Legault dans son témoignage lors du reportage de Davide Gentile, la dernière année a représenté un parcours du combattant pour ces adultes et leurs parents ou fratrie. Activités de jour suspendues, diminuées ou inexistantes, ressources de répit et de loisirs restreintes pour s’ajuster aux consignes sanitaires, éducateurs délestés vers d’autres urgences…
Nous appuyons sans réserve les organismes provinciaux qui font valoir l’urgence de considérer la situation particulière des adultes handicapés qui attendent encore d’être vaccinés. Avec la même conviction déployée pour ceux qui vivent en ressource, notre comité considère que la situation de ces adultes ne représente pas « la même chose que pour tout le monde » comme nous l’avons entendu à quelques reprises. Non, ce n’est pas la même chose pour ces adultes plus fragiles et parmi lesquels plusieurs ne sont pas en mesure d’appliquer les mesures sanitaires pour se protéger du virus.
Ce n’est pas le lot de tout le monde, quand ta sœur, dont tu prends soin, panique à un tel point devant la Covid qu’elle refuse de mettre les pieds dehors depuis un an. Ou quand ton grand gars autiste ne peut plus supporter de rester dans la maison où son père, ses frères et sœurs sont en télétravail, et qu’il faut se promener avec lui dehors pendant des heures pour éviter les tensions familiales. Ou quand, à l’âge de 87 ans, tu dois encore t’occuper d’organiser des activités pour un fils trisomique de 61 ans qui tourne en rond dans la maison toute la journée parce qu’il est privé de ses amis par l’arrêt des loisirs et de son travail.
Ce genre de présence est généralement requis des parents pour leurs tout-petits, leurs enfants ou leurs ados, mais pas pour des adultes. À moins que ces adultes n’aient une déficience intellectuelle (dont la trisomie), de l’autisme, un trouble de santé mentale, ou une déficience physique invalidante… La société a fait un bout de chemin ces vingt dernières années, mais la pandémie risque-t-elle de faire reculer la solidarité au point que ces personnes ne puissent être reconnues comme plus vulnérables? Et le gouvernement décidera-t-il enfin de procéder à leur vaccination prochaine, autant pour leur protection que pour la santé mentale de leurs proches?
Dans la section Débats de La Presse + du mercredi 31 mars, le chroniqueur Alexandre Sirois soulignait que, selon le Dr Arruda, les autorités de santé publique prennent en considération tous les déterminants de la santé, dont ceux touchant la santé mentale. Espérons qu’elles reconnaîtront que la situation vécue par toutes ces personnes et leur famille « ne sont pas la même chose que tout le monde », mais une situation aggravée du fait de la vulnérabilité particulière d’un de leurs membres.
Nous poursuivrons nos démarches dans notre région et auprès des ministres concernés, en appui aux autres organismes qui représentent les personnes handicapées. En espérant que les bottines du ministre Christian Dubé suivront ses babines puisqu’il disait récemment qu’avec l’arrivée des vaccins, il pourra bientôt, tout en poursuivant la vaccination par tranches d’âge, vacciner en même temps et plus rapidement les personnes vulnérables, peu importe leur âge.
Entretemps, nous restons intéressés à savoir comment se déroule la vaccination des usagers résidant en ressource, censée commencer ce premier avril. Nous vous invitons à nous en donner des nouvelles, cela nous permettra de suivre la situation et de cibler nos interventions si nécessaire.